Voix de la Méditerranée 

(Poètes de deux rives)

 

 

 

HÉLÈNE

 

Hélène, apprends

à ne jamais retourner en arrière.

Même si Troie est tombée

si les fières citadelles succombent

si les ennemis encerclent le palais

si les lamentations te parviennent des remparts

ne te laisse pas capturer.

Il y aura toujours une issue secrète

pour t'échapper

ne plus te soumettre encore

au bon plaisir de Ménélas.

Même si tu penses que le retour

ne serait pas si amer

qu' il pourrait être un havre

un refuge confortable

après ta fuite si vaine

refuse !

Fais tout pour trouver l'issue.

Ne regrette pas le foyer

la famille restée à Sparte.

Ne crois pas que le retour

soit une solution - pars, Hélène !

Ne crains pas d'aller sans bagages

vers l'inconnu.

Pense aux pays idéaux

dont tu rêvais à Sparte

aux lieux que tu cherchais en partant pour Troie

et dis-toi qu' à présent ils sont tout proches.

Et qu' à présent pour toi un chemin s' ouvre

pour aller toujours

en avant.

Ira Feloukatzi

 

 

 

DANZO

 

Danzo la danza delle idee geniali

sperando che tu mi dica qualcosa di

nuovo

Danzo la danza dei perdenti e perduti

sapendo che i miei passi saranno vani

Danzo la danza degli ingenui felici

credendo che il mio sudore serva a qualcuno

Danzo la danza dei profittatori

e danzerò finché mi pagherai

E danzo, danzo, danzo

per vincere la mia arroganza

Danzo, danzo, danzo

il perché non ha importanza

Danzo la danza dei maledetti

perché lo spleen mi arriva fino al torace

Danzo la danzo dei presuntuosi

perché anche tu lo sei se ti credi al mio livello

Danzo la danza degli indesiderati

mi sono allenato molto davanti alle porte

chiuse

Danzo la danza degli insofferenti

ti puoi spostare un po' più in là, per favore?

E danzo, danzo, danzo

fino a che resterò in piedi

Danzo, danzo, danzo

perché sei tu che me lo chiedi.

Claudio Pozzani

 

 

Une violette emprisonnée

 

J'ai peur quand je m'approche de la vie

j'ai peur quand je m'approche de l'amour

j'ai peur quand je m'approche de moi

J'ai peur quand je regarde mes mains

si mystérieuses, si incontrôlables,

si intolérantes...

J'ai peur quand je compte les heures

qui avancent

Qui sonnent en vain au cadran de l'univers

Quand la lumière s'engouffre

au fond des interminables nuits

de cauchemars

J'ai peur quand je vois le Lys sécher

dans sa fleur

j'ai peur de ta bonté

mes réflexions sur le Monde m'inquiètent

Je ne crois pas à cet Ancêtre Navigateur

qu'un Homme a inventé pour moi

J'ai peur comme Venise plongée

dans une nuit polaire

une violette cristallisée dans la neige

la même qui serait mourante sous le soleil

d'Afrique

Je revois l'angoisse

cette mère qui court

me poursuit pour rattraper son enfant

l'allaiter dans la terreur de ce moment

d'hier,

d'aujourd'hui,

de demain et de toujours

je sais que maintenant je me livrerai moi-même

à la non Vie, par peur de la Vie

et personne n'y pourra rien

même pas toi

même le Grand Navigateur ancien,

inventé par un Grand-Père que je cherche

et que je ne retrouve pas...

Je rejoindrai mon ombre

celle de Personne

Le jour où les étoiles seront encore

plus filantes

Poussière d'or comme le désir d'une femme.

Une femme qui a peur

quand elle s'approche de sa vie

Comme une violette emprisonnée

dans la neige

cristallisée dans le coeur

des immortelles plaines de Sibérie...

Alice Machado

 

 

 

EL CAZADOR

 

Et tout le reste est littérature

Paul Verlaine

 

Emboscado

en la cabaña triste de mi vida

acecho el vuelo

de los versos fugaces.

No sé si me entrarán por Oriente o Poniente,

si llegarán del Sur enfebrecido

o si del Norte racional y frío.

No sé si entre las amapolas

como un jaiku sorprenderán mi alma

o los veré venir del horizonte azul

velados por la niebla.

La noche es negra y dura

y el alba nunca llega.

En la larga espera,

silencio obligado,

fumo pensamientos

y bebo el licor

de las emociones.

¿Cómo irá la caza?

En esa pregunta bosteza

toda la aventura.

El resto

es literatura.

F. Morales Prado

 

 

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